« Dans un ouvrage intitulé Volonté et psychothérapie, Otto Rank postule ainsi qu’il existe chez toute personne une peur primaire qui se manifeste tantôt par la peur de la vie, tantôt par la peur de la mort. La peur de la vie renvoie à la peur de mener sa vie, à la peur de l’individuation. Quant à la peur de mourir elle désignait pour lui la peur de l’extinction, de la perte d’individualité, de la dissolution dans le tout. L’individu est toute sa vie balloté entre ces deux pôles d’angoisse… La personne tente de se séparer, de s’individuer, d’affirmer son autonomie, d’avancer… pourtant il arrive un moment où elle est confrontée à la peur devant la vie. L’individuation, l’affirmation de la singularité personnelle, entraînent un sentiment terrifiant de vulnaribilité et de solitude, sentiment que la personne tente d’apaiser en faisant marche arrière en cherchant à fusionner , à s’en remettre à l’autre. Pourtant ce réconfort est instable car il suscite lui aussi de l’angoisse, l’angoisse de mort. Lorsqu’une personne renonce à son autonomie, elle se perd et éprouve une forme de mort.

La personne avance dans la vie entre ces deux pôles de peur, la peur de vivre et la peur de mourir. »

Irvin Yalom Thérapie existentielle