Article d’Elisabeth Kubler Ross
1.Le choc
C’est la déflagration à l’intérieur et, sous le choc, le cerveau s’emballe. On évoque les choses des centaines de fois, comme un disque rayé.
C’est le temps de l’émotion de tristesse intense, de désespoir à vivre et à accueillir en soi.
2.Le déni
Quand une perspective est trop difficile à accepter, quand la douleur risque d’être dévastatrice, quand on n’est pas prêt, le cerveau se protège en dissimulant la vérité. Les mécanismes pour se défendre de l’angoisse peuvent avoir des natures et des formes variées :
- redéfinition de la vérité objective (ex : “on était tellement heureux” dans le cas d’un divorce),
- négation des faits (ex : “cela n’a pas pu arriver”),
- projections (ex : “il/ elle va revenir”),
- jugements sur les autres (ex : “de toute façon, c’est un/ une BIP, il/ elle va le regretter”),
- accusations/ culpabilisation d’autrui (ex : “il/ elle ne peut pas me faire ça”),
- culpabilisation de soi-même (“si j’avais fait ci ou ça, cela ne serait pas arrivé”, “c’est ma faute”),
- fatalisme (ex : “je ne pourrai jamais y survivre”),
- croyances/ superstitions/ pensées magiques (ex : “si je fais ça, il/ elle va se rendre compte que…”)…
Cette étape empêche de prendre conscience des options de solution, telles que apprendre à communiquer autrement, consulter un.e professionnel.le pour surmonter les émotions dévastatrices….
3.La protestation
La protestation est un mouvement naturel du travail de deuil. La protestation naît d’une émotion de colère saine et réparatrice. Quand cette colère est accueillie comme telle, entendue, reconnue et acceptée, elle peut accomplir sa mission : restaurer l’intégrité émotionnelle.
Cette étape se traduit par deux questions qui tournent autour des problématiques “Ce n’est pas juste !” et “Pourquoi moi ?” qui, si elles tournent en boucle sans possibilité d’écoute empathique de la part d’une personne bienveillante, ouvrent la porte à la honte et à la haine.
4.Le marchandage (dans le cas d’une rupture)
La phase de marchandage est celle où l’on croit que quelque chose peut éviter la rupture, la perte (d’une personne proche malade par exemple). Elle est marquée par plusieurs éléments :
- La sur adaptation : les comportements sur adaptatifs ont des formes variées (imiter les autres, faire semblant, être très gentil, augmenter le perfectionnisme, contrôler autrui, donner, faire pour les autres, se dévouer corps et âme, vouloir avoir raison). La sur adaptation est souvent marquée par des pensées magiques sous forme de cause/conséquence (“si je fais ça, alors…”).
- Les regrets teintés de culpabilité (“si seulement j’avais fait ceci, alors cela ne serait pas arrivé”)
- Les illusions (“il/ elle va finir par regretter”, “je vais mettre un cierge à l’église”, “je vais prier mes anges”)
- Les menaces et/ou chantages (ex : “Tu ne vois pas ce que tu fais aux enfants”, “si tu pars, je te coupe les vivres/ tu n’auras plus rien”).
5.Peur
C’est la peur de l’avenir : comment faire pour vivre cette nouvelle vie ? comment se débrouiller seul.e ? comment subvenir aux besoins financiers ? comment vivre avec l’absence ?
6.Nostalgie et tristesse
La nostalgie est un travail d’acceptation par la traversée des émotions liées à chaque moment passé au fur et à mesure de leurs résurgences. Des pleurs de tristesse clôturent l’exploration de chaque souvenir.
Les souvenirs qui remontent peuvent être des souvenirs positifs ou négatifs : moments de bonheur, disputes, mensonges, blessures…
Les moments de nostalgie consiste à laisser remonter tous les souvenirs, quelle que soit leur nature, à les regarder, à les pleurer puis à les laisser partir. Cette étape permet d’agréger les éléments du passé qui ont construit notre vie en voyant comment chaque moment a participé à construire une partie de notre personnalité.
7.Acceptation et deuil du futur
Cette étape est le deuil des possibles, de ce qui aurait pu être; le deuil des projets avoués ou non avoués, explicites ou implicites.
Elle se clôt avec l’acceptation de ce qui est, sans jugement, sans évaluation. Cette acceptation de ce qui est libère et confère du pouvoir sur ce qui sera.
8.Réinvestissement
Des ressources pour traverser les étapes du deuil (sans rester bloqué)
Les ressources du corps
- La respiration
J’inspire jusque dans mon sacrum (ou jusque dans mon périnée). Sur l’inspiration, mon ventre bouge à peine mais une main posée sur le bas de mon dos est soulevée. Une fois cette respiration profonde installée, j’évoque mon problème et j’observe ce qui se passe en moi.
Elisabeth Kubler Ross